Notre lettre 1284 publiée le 9 octobre 2025
LE PÈLERINAGE TRADITIONNEL NORMAND
QUI FUT UN GRAND SUCCÈS POPULAIRE ET CATHOLIQUE
A BÉNÉFICIÉ DE L'ASILE LITURGIQUE DE LA BRETAGNE
N'importe quel évêque devrait se réjouir d'un pèlerinage, qui pour sa première édition, réunit 600 marcheurs d'une moyenne d'âge de 22 ans, avec force drapeaux, hymnes et prières. Pas Mgr Cador, fantasque évêque de Coutances ( Manche ) qui inaugurait son mandat épiscopal en déplaçant dans sa cathédrale un concert – initialement prévu dans une église désaffectée au culte – qui comportait dans les œuvres interprétées un appel à la prière islamique.
Après avoir fait trainer les négociations en longueur avec les organisateurs, celui qui fait visiblement tout pour être le dernier évêque d'Avranches et Coutances envoya une lettre incendiaire aux organisateurs où il s'oppose à la messe traditionnelle – et interdit aux prêtres classiques présents dans le diocèse de s'y rendre, sous peine d'être mis à l'écart – il s'agit du même évêque qui a tout bout de champ, s'appuyant sur son expérience en Afrique, tresse des louanges à l'accueil des migrants d'ailleurs, sans être capable d'accueillir ses fidèles d'ici.
Mais pas de quoi décourager les marcheurs – Mgr Cador d'un coup de baguette magique a transformé des Normands en Bretons.
Venus des cinq coins de Normandie, de Fécamp, Coutances, Avranches, le Havre, Rouen, Caen, et beaucoup de l'Orne – dont une bonne part des bénévoles, les marcheurs sont partis de saint James, sont allés dormir à Ardevon – où une bourrasque de grêle a tenté, sans succès, de perturber leur veillée au coin du feu – et ont continué le matin du 5 octobre vers le Mont Saint-Michel, malgré de terribles tourbillons de vent glacés et les giboulées, où ils ont gravi la rue au pas de charge pour être accueillis par le recteur du Mont saint Michel pour un topo puis passer à l'église saint Pierre pour un moment de prières – il y avait tant de monde qu'il a fallu pour cela couper la colonne en deux.
Pourquoi marchaient-ils ? « Pour Dieu et la culture normande », « pour se retrouver ensemble et prier » et pour ce père de famille " pèleriner vers le Mont c'est plus facile que d'aller à Chartres pour nos trois enfants et c'est pourquoi nous y reviendront l'an prochain " ou encore, pour ces comtois venus de l'autre bout du pays, « car aller vers le Mont Saint-Michel, c'est symbolique ». Il y avait aussi quelques charentais : « chez nous, il n'y a pas (encore ?) de pèlerinage local traditionnel. Donc on vient ici, et demander la protection de saint Michel, au vu de ce qui se passe dans le pays et autour, c'est le moment ». Un autre Rouannais est venu « demander la protection de saint Michel, maintenant que mon fils est entré dans l'armée ». Un des pèlerins était à Domrémy la semaine dernière, « c'était le 600e jubilé des apparitions de Saint Michel à sainte Jeanne d'Arc. Venir ici ensuite, c'est logique ».
Accompagnés par plusieurs prêtres qui confessaient les pèlerins tout en marchant, et de pères et frères de l'abbaye mayennaise de Chémeré, le pèlerinage avec ses nombreux chapitres locaux, celui de SOS Chrétiens d'Orient constellé de drapeaux d'Arménie, du Liban et d'autres pays de chrétienté orientale, et celui de SOS Calvaires avec sa croix pèlerine est donc arrivé au Mont, dont le recteur leur a rappelé le message du sanctuaire - « la première raison du sanctuaire est de prier pour les morts, la seconde, pour Saint-Michel, archange du combat contre le mal ». Joie aux Trépassés, eux qui n'ont plus à supporter l'épiscope de Coutances !
Le pèlerinage n'est pas passé inaperçu dans les localités avoisinantes. Près de Pontorson, un prêtre diocésain trouve « l'attitude de l'évêque inqualifiable. Il y a un événement de jeunesse dans notre diocèse et il a essayé de le briser ». De quoi faire réagir aussi un chauffeur de bus : « il y a quand même un problème de cohérence dans l'Eglise quand ils disent vouloir accueillir les migrants et que leurs propres fidèles doivent changer de département pour obtenir une messe. C'est vraiment n'importe quoi ».
Et effectivement, une fois parvenus au Mont, les pèlerins ont fait demi-tour pour faire encore dix kilomètres dans les marais jusqu'à une terre accueillante – l'église de Roz sur Couesnon, juchée sur sa barre rocheuse à 8 km du Mont, en terre bretonne d'où on regarde de haut les mesquineries de Mgr Cador et on a une belle vue sur le Mont. La messe a eu lieu dans une église archi-comble, grâce à la générosité de l'évêque de Rennes – la Bretagne, ça vous gagne, et c'est une terre d'accueil inconditionnel. Todos, todos, todos, comme disait le pape François à Lisbonne.
Et ce même s'il est quelque peu étrange de voir des centaines de drapeaux normands dans une église bretonne, mignonne avec son monument aux morts de la guerre de 14 brodé, et ses vitraux de saint Samson et saint Malo – Dol et Saint-Malo ne sont pas très loin. Mais sur la vitre maîtresse de l'autel, le vitrail est celui de Christus Regnat. Malgré les misères de ce monde et certains évêques grincheux, les pèlerins affluent, le Christ règne et la Croix demeure.